Mariam Cissé – Architecte de formation et entrepreneure de passion

Rencontre avec Mariam Cissé, 28 ans, architecte de formation et entrepreneure de passion. De retour au Mali elle travaille pour un cabinet d’architecture de la place et construit un poulailler au dessus du toit de maison, c’est là que tout a commencé… Entretien avec une véritable Sadio des temps modernes.

Aviez-vous un autre parcours prédéfini avant de vous lancer dans l’entreprenariat ? Si oui, quel était-il ?

Je suis maître architecte. A mon retour au Mali en 2014, après des études d’architecture en Tunisie j’ai intégré une structure de la place. Ma maman avait une petite exploitation dans l’aviculture qui lui rapportait peu. J’ai voulu alors prendre les choses en main de manière à structurer un peu les choses. J’ai d’abord construit un poulailler à la maison avec mes économies. Malgré les commentaires peu encourageants de certains de mon entourage, j’ai tenu bon en menant de front mes deux carrières. J’ai même pu lancer mon propre cabinet de conseil qui compte aujourd’hui comme clients des banques, entreprise de microfinance…. De fil en aiguille après l’aviculture je me suis lancée dans la Pisciculture. C’est ainsi que j’ai lancé Sanzara en 2018. Sanzara est un espace qui rassemble tous les produits locaux consommables (avicole, piscicole, maraîcher…) sur le principe de chaîne (plusieurs espaces sont aujourd’hui dédiés).

Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer?

A la base, je viens d’une famille d’entrepreneurs, ma maman était une grande commerçante en plus d’être comptable d’une société. L’entreprenariat ma toujours tenté, j’ai ouvert un espace de vente qui est Sanzara pour plus de rentabilité car les revendeurs baissaient le prix à un niveau où on n’arrivait plus à rentabiliser nos productions. J’ai donc d’abord commencé par la production avant de me lancer dans la distribution. Mon objectif était surtout permettre aux producteurs comme moi qui avaient du mal à écouler leurs produits sur le marché de créer un espace où ils peuvent directement amener leurs produits de la ferme à l’assiette des clients. Sanzara était aussi l’occasion de sensibiliser les gens sur la qualité des produits que nous consommons. Inciter à la consommation de produits locaux plutôt que certains produits importés souvent frelatés. Sanzara est ma façon à moi de contribuer au changement de mentalité et de comportement de la jeunesse et du Mali de façon générale parce que c’est un secteur porteur qui peut jouer sur le développement du pays.

A votre avis, cela est-il plus compliqué lorsqu’on est une femme au Mali?

Bien sûr, c’est très compliqué lorsqu’on est une femme parce qu’il y a la pression sociale qui constitue un poids énorme sur les épaules de la jeune fille. Il faut être très forte de caractère pour pouvoir résister et avancer dans ce que nous voulons faire. Donc les femmes qui entreprennent au Mali font des exploits.

Comment parvenez-vous à gérer votre vie entrepreneuriale et votre vie privée?

Ce n’est pas facile de concilier vie d’entrepreneure et vie privée parce qu’il faut trouver un compagnon compréhensif, qui te soutient dans tes entreprises et qui t’inspire. Moi j’ai eu la chance d’être entourée par ma famille qui m’épaule, m’inspire et m’encourage et d’avoir un compagnon entrepreneur aussi (donc il comprend certaine chose). J’ai eu la chance d’avoir une famille qui valorise ce que je fais et m’encourage à aller de l’avant. L’entourage est très important mais l’essentiel est de connaître ses priorités. Je continue à exercer mon métier d’architecture et m’occupe pleinement de Sanzara.

Et si c’était à refaire?

Je le referai mille fois parce que je sens que j’ai une mission à accomplir, un objectif à atteindre et surtout un rêve à réaliser qui est celui de mettre en place la première enseigne africaine qui mettra en valeur les produits consommables locaux et un autre rêve qui va révolutionner l’architecture au Mali et en Afrique parce que je travaille sur un projet d’habitat bio climatique.

Quel conseil donneriez-vous à une femme qui rêve de suivre votre exemple et de se lancer?

Mes conseils sont:

  • Attacher son pagne, être forte et se préparer à toutes éventualités car l’échec est toujours une belle expérience.
  • Ne pas se laisser décourager par l’entourage. Garder l’objectif en vue et se donner les moyens de l’atteindre, croire en soi et en ses propres capacités.

Avec la détermination, la motivation, la confiance en soi et l’aide de Dieu, tout marchera.

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