Episode 20

Alassane avait gardé son air crispé tout le reste du temps jusqu’à ce que l’on sorte de l’aéroport. Il regardait à droite, puis à gauche, puis derrière lui. Son comportement était vraiment étrange.
Moi : Qu’est ce que tu as à t’agiter ainsi voyons ?
Alassane : Rien, rien. Avance que l’on sorte vite de cet aéroport.
Et il ne pipa plus mot jusqu’à ce que l’on rentre chez nous.
Une fois arrivés et après une bonne douche, je décidais d’aller récupérer les enfants chez ma maman. Ils me manquaient tellement. Aussitôt sortie de la voiture, ils me sautèrent tous dessus. Ma maman m’attendais sous la veranda l’air préoccupée.
Après lui avoir fait la bise et les salamaleks habituels, je lui demandais ce qu’elle avait. Elle me répondit : “viens à l’intérieur, les enfants ne sont pas au courant.”
Oula… que s’était-il encore passé ? Mon cœur battait déjà la chamade pendant que je m’asseyais au salon.
Maman : non allons dans la chambre
…Aiwa, là mes jambes ne tenaient plus
Une fois dans sa chambre, ma mère ferma la porte et me demanda abruptement : As-tu des nouvelles d’Ibrahim ?
Moi : Heu non maman… Pour rappel j’étais en lune de Miel. Donc non, je n’ai
pas pensé à mon ex mari qui d’ailleurs a failli me causer…
Maman : Hé c’est important. Ecoute moi ici m’interrompit-elle
Il est dans le coma. Depuis le lendemain de ton voyage. Il a été sauvagement attaqué en rentrant du bureau et laissé pour mort. Ce sont des jeunes du quartier qui l’ont trouvé et amené à l’hôpital. N’eut été eux, il serait certainement passé de l’autre côté.
Les mots de maman me semblaient irréels…Car tout me remontait à la tête.
Moi :Mais…On sait qui a fait ça ?
Maman : Non. La police cherche toujours mais pour le moment ni témoin, ni motif,
ni suspect.
Que devais je faire ? Devais-je parler à maman de ce qui s’était passé aux Maldives? Ou encore du comportement suspect d’Alassane là-bas ? Je ne savais plus
quoi faire. Il était c** mais il s’agissait tout de même du père de mes enfants.
Finalement je décidais de ne rien dire pour le moment et de confronter mon
mari en premier lieu.
Moi : Maman je dois y aller.
Elle : Quoi, je viens de t’annoncer cette nouvelle et c’est tout ce que tu trouves à
faire ??? Partir ? Non mais Sadio il faut sérieusement consulter. Tu ne
peux pas être inhumaine à ce point.
Pendant qu’elle parlait, je l’écoutais à peine, j’étais occupée à chercher mes
clés. Dans la précipitation et le stress de son accueil, je ne savais plus où elles
étaient.
Moi : Maman, je n’ai pas le temps là, c’est très urgent. Garde les enfants encore cette nuit STP pour moi. Je t’expliquerai.
Nos regards se croisèrent et nous échangeâmes une longue conversation silencieuse…Mais je pense qu’elle avait compris.
Elle : OK…Fais tout de même attention à toi.
Je ne saurai vous dire comment je suis arrivée chez moi, j’ai conduit machinalement. Et une fois à la maison, Alassane était encore au téléphone.
Moi : Raccroche ton tel, j’ai besoin de te parler lui fis-je d’un ton sec.
Il raccrocha et se tourna vers moi l’air penaud :
Tu es déjà au courant ?
Moi : Au courant de quoi ?
Lui : Pour Ibrahim qui est à l’hôpital ?
Moi : Je précise : Ibrahim qui est dans le coma à
l’hôpital. Non mais tu es fou ou quoi ? Comment as tu pu faire une chose pareille ? Et pourquoi ? Tu t’imagines dans quel merdier tu nous mets avec ton impulsivité puérile ? Franchement je ne te savais pas si enfantin
Lui : Tu la fermes ! Arrête avec tes questions. Pour qui se prenait il à appeler ainsi et le soir de MA lune de miel en plus. Il n’a eu que ce qu’il mérite. On l’a même loupé.
Alors là je commençais à avoir peur. Je ne savais plus quoi faire ni quoi dire. Il n’avait même pas l’air de regretter quoi que ça soit… Je m’asseyais
silencieusement, le fixant et attendant des explications.
Lui : Tu ne t’imagines pas à quel point je t’aime SADIO. Je t’ai dit que je tuerai pour toi.
Je sais, j’ai demandé un époux aimant…Mais pourquoi ne pouvais-je avoir un mari émotionnellement stable et équilibré…Au lieu de ça j’avais un époux…aimant mais fou à lier.
Il poursuivait : Je me suis occupé de tout. Il n’y a
aucun moyen que ça remonte à nous.
Moi : Heu…A toi. Pardon ne me mêle pas à tout
ça. D’ailleurs je pense qu’on devrait aller voir la
police.
Son regard suffit à me faire taire.
Moi : Je ne reste pas ici dans ces conditions. Je ne
me sens pas du tout rassurée. Je vais aller chez
maman avec les enfants.
Lui : Tu ne bouges pas d’ici. Si les enfants te
manquent, qu’ils viennent.
Tu es ma femme désormais. Tu me dois obéissance, respect, fidélité. Je ne tolérerai plus tes
impertinences.
Mes impertinences…Mais dans quel siècle se
croyait-il…
Il fallait que je trouve une solution. J’étais hélas
trop fatiguée, lasse et sous le coup du décalage
horaire. Je décidais donc de remettre mes réflexions au lendemain et d’aller me coucher.

No Newer Articles
No Comments Yet

Leave a Reply

Your email address will not be published.