Nous sommes restés cinq jours tous seuls dans la maison. Et ce fut comme une nouvelle lune de miel. Je retrouvais MON homme et franchement, nous n’avons que très peu quitté le lit. Il n’était plus question de Batoma ni de personne d’autre. Juste nous deux.
Par moment il s’ouvrait à moi en me racontant certaines anecdotes de Batoma et je me rendais compte que je n’avais, à un moment donné, pas été assez attentive à certains détails. Et je m’en voulais. Mais une part de moi se refusait à demeurer l’éternelle repentie du couple. Il avait choisi de prendre une seconde femme, qu’il assume.
Puis le matin du cinquième jour, alors que nous étions tous les deux sous la douche, surgit ma belle-mère accompagnée de Batoma. Nous nous enroulâmes rapidement d’une serviette pendant qu’elle s’égosillait. Je ne comprenais pas grand chose mais les mots : Tu es fou… irresponsable… Ta femme c’est Batoma… s’entrechoquaient dans mes oreilles. Comment était-ce possible ??!!! Était-elle vraiment en train de faire ça ?
De prendre la défense de Batoma après tout ce qu’elle avait fait ???!!!
Ibrahim ne disait rien, il gardait la tête baissée et ne pipait mot. Je n’y croyais pas. Après nos discussions, après toutes les promesses qu’il m’avait faites sur notre relation, il restait là à fixer ses pieds pendant que sa mère le sermonnait comme un enfant de 5 ans. Et pendant ce temps, Batoma me toisait avec un air victorieux.
Moi: Tantie, avec tout le respect que je te dois, je te prierai de sortir de ma chambre que l’on s’habille et que nous allions en discuter au salon.
Elle : Toi tu la fermes ! On ne t’a rien demandé. Tu ne fais qu’envenimer les choses dans la famille. Batoma a raison. On t’a laissé trop de pouvoir. Tu ne peux pas faire comme ta coépouse ??!! Tu es toujours en train de parler gros français sur nous. Tu te crois supérieure à nous parceque tu travailles mais ici tu n’es qu’une épouse. Là c’en était trop ! Avec tout ce que ma belle-mère et moi avions traversé, c’est ce qu’elle me disait… Décidément, dur de croire que c’était Batoma qui avait pu également lui monter la tête ainsi. Sans un mot, je me dirigeais vers mon placard, sortait mes affaires que je rangeais dans plusieurs valises.
Batoma jubilait. Ibrahim était en panique, ne sachant pas s’il devait me raisonner ou rester assis. Je sentais la détresse dans son regard. Il me disait : « Ne m’abandonne pas ainsi ». Mais il était temps que je pense à moi. Trop longtemps j’avais mis mon bien-être de côté pour celui de mon époux ou de sa famille.
Belle-mère : Ibrahim, qu’es ce que tu as à la regarder ainsi comme un chien battu. Laisse –la, elle reviendra. Pour qui se prend-elle ??! On ne peut même pas lui parler. De toute façon, une de perdue, 10 de retrouvées.
Pour moi, il était aberrant que ça soit une femme qui tienne ce langage. Et dire que j’ai dans le passé admiré cette dame.
Moi je ne disais rien et continuais mon rangement. Je fis de même pour les affaires des enfants et appela le gardien pour tout mettre dans la voiture. Les idées et émotions se bousculaient dans ma tête. C’était comme un rêve, je faisais les gestes machinalement. Et en même temps, je ressentais cette paix intérieure qui me disait que je faisais le bon choix.
C’est triste à dire mais le temps me donna raison. Quelques temps après mon départ, Batoma exigea de s’installer chez moi. Elle abandonna les parents et pollua la relation d’Ibrahim avec le reste de sa famille. Famille qui était devenue d’une gentillesse inouïe avec moi. Et me demandant de revenir auprès d’Ibrahim. Alors que lorsque nous nous séparions, pas une seule personne de la famille ne m’avait ne serait-ce qu’appeler. Mais comme on le dit si bien, on ne comprend la valeur de ce que l’on a que lorsqu’on le perd.
Ibrahim eut beaucoup de difficultés et cela me fit très mal. Côté professionnel ce n’était plus trop ça, ses amis s’étaient tous éloignés de lui voyant l’emprise que Batoma avait sur lui. Il vint même me redemander de revenir.
Mais ça je ne pouvais plus. Cela m’avait pris bien trop de temps de sortir de cet engrenage pour m’y replonger. Les choses commençaient à aller pour moi, j’avais retrouvé le sourire après de nombreux mois de dépression, de doutes et de remises en cause. Après quelques temps chez mon amie dont je vous parlerai prochainement, j’avais pris une petite mais belle maison et l’avais aménagée à mon goût. Nous ne vivions plus avec la même aisance financière mais étions tellement plus épanouis les enfants et moi.
Qui a dit que la séparation était un échec ? Je ne dis pas qu’Ibrahim et moi ne nous remettrons jamais ensemble. Je l’aime et l’aimerai sans doute toujours. Mais je sais qu’en l’état, nous ne pouvions continuer notre relation. Parfois, le seul choix peut être de partir. Non pas pour faire mal à l’autre, mais pour se protéger et protéger les enfants.